Il y a plusieurs manières de s’épuiser au travail. Certaines sont visibles, d’autres moins. Certaines surgissent brutalement, d’autres s’installent lentement et sans bruit. On parle de burn-out, de bore-out, de brown-out. Trois formes d’épuisement professionnel qui n’ont pas les mêmes déclencheurs, mais qui ont en commun de nous éloigner de nous-mêmes.
Dans mon quotidien, je rencontre des personnes qui disent : Je ne me reconnais plus, Je n’ai plus d’élan, Je n’y arrive plus.
Parfois, elles ne savent pas encore poser un mot précis. Et pourtant, ce qu’elles vivent mérite d’être compris pour clarifier ce qui vacille.
Nommer ce qu’on traverse, c’est déjà se réorienter et commencer à faire différemment.
Trois chemins différents vers l’épuisement au travail
Ce qu’on appelle burn-out, bore-out, brown-out, ce ne sont pas des variantes du même malaise. Ce sont des formes de rupture distinctes, aux racines et aux ressentis singuliers.
Le burn-out : quand tout devient trop
Le burn-out ne surgit pas d’un coup. Il s’installe souvent chez des personnes engagées, exigeantes, investies. Ce ne sont pas celles qui « lâchent » facilement. Ce sont celles qui tiennent trop longtemps, sans relais, sans pause, sans retour.
Un jour, elles se réveillent épuisées. Elles n’arrivent plus à faire. Elles ne trouvent plus d’envie, plus de clarté, parfois plus de mots. Ce n’est pas une perte de motivation : c’est une usure profonde, une alerte vitale.
Il s’agit là de symptômes du burn-out qu’il ne faut pas minimiser.
Le bore-out : quand on se vide à force d’ennui
Dans le cas du bore-out, ce n’est pas l’excès qui épuise, mais le manque. Manque de stimulation, de reconnaissance, d’intérêt. On s’ennuie. D’abord doucement, puis intensément. Jusqu’à ne plus attendre grand-chose de ses journées.
Cela peut sembler anodin. Ce ne l’est pas. L’ennui chronique isole, fragilise, abîme l’estime de soi. Il donne le sentiment d’être devenu invisible, inutile, en veille.
Une femme que j’ai accompagnée me disait : Je suis là sans être là. Je pourrais disparaître, personne ne le verrait.
Cette forme de vide quotidien est une souffrance au travail à bas bruit, mais redoutable.
Le brown-out : quand le sens déserte
Le brown-out, c’est l’écart qui grandit entre ce qu’on fait et ce qu’on comprend de ce qu’on fait.
On exécute, mais on ne sait plus pour quoi, ni pour qui. Les tâches se vident de leur cohérence. Les décisions paraissent absurdes. On continue, mais sans adhésion.
Ce n’est pas un caprice. C’est plutôt une dissonance intérieure. Elle concerne souvent celles et ceux qui ont besoin de clarté, d’utilité, de valeurs incarnées. Et qui ne retrouvent plus rien de tout cela dans ce qu’on leur demande.
Comment reconnaître ce que vous vivez ?
Nommer ce qu’on traverse, ce n’est pas s’enfermer. C’est reprendre contact avec la réalité de son ressenti. Voici quelques repères pour faire le tri. Ils ne remplacent pas un diagnostic, mais ils permettent de reconnaître les symptômes du burn-out, ou d’autres formes de malaise.
Burn-out :
- Fatigue constante, même après repos.
- Impression d’être vidé.e.
- Perte de plaisir, de concentration, d’élan.
- Cynisme, détachement, repli.
- Sensation d’être en mode survie.
Bore-out :
- Ennui massif, désengagement.
- Impression de tourner en rond, de n’être utile à rien.
- Auto-dévalorisation : « je ne sers à rien », « je me ramollis ».
- Évitement ou absentéisme discret.
Brown-out :
- Perte de sens dans les tâches.
- Malaise devant les décisions prises ou les objectifs imposés.
- Sensation d’incohérence permanente.
- Travailler sans comprendre à quoi cela mène.
Ces formes peuvent se chevaucher. L’essentiel, c’est d’entendre ce que votre fatigue au travail essaie de dire.
Pourquoi c’est important de faire la différence
On ne se relève pas de la même manière selon ce qu’on a vécu.
- Si c’est un burn-out, il faudra souvent s’arrêter, se réparer, reconstruire.
- Si c’est un bore-out, il s’agira plutôt de redonner du mouvement, de raviver les appétits.
- Si c’est un brown-out, le travail consistera à réinterroger les fondements de son engagement, peut-être à repositionner toute une trajectoire.
Et parfois, ce n’est pas si clair. Ce qui compte, c’est de ne pas banaliser ce qui s’affaisse et de ne pas rester seul.e avec ça.
Dans les accompagnements de coaching professionnel que je propose, on ne cherche pas des solutions toutes faites. On cherche ce qui a du sens pour vous, maintenant, à ce moment de votre vie.
Reconversion ou simple mise au point : explorer ce qui vous conviendrait mieux
Il y a des moments où le corps dit non, d’autres où l’âme se lasse. Ce sont des signaux et parfois ces signaux ouvrent une porte : celle d’un changement possible.
Le bilan de compétences peut être un point d’appui. Pas forcément pour tout bouleverser dans son quotidien professionnel, mais plutôt pour faire le point sans se trahir, envisager une reconversion professionnelle ou remettre du mouvement là où il y avait de la confusion. On parle parfois de bilan de compétences reconversion, mais ce qui compte, c’est ce qu’il révèle sur ce que vous voulez continuer, ajuster ou quitter.
La reconversion n’est pas toujours un grand saut. Elle peut prendre la forme d’un glissement, d’une réduction de charge, d’un retour vers quelque chose de plus vivant. Le but n’est pas de fuir mais de se retrouver.
Si vous sentez que ce que vous vivez ne vous ressemble plus, vous n’avez pas à continuer comme si de rien n’était.
Et si c’était le moment d’écouter ce que votre fatigue cherche à vous dire ?
Burn-out, bore-out, brown-out : au-delà des mots, il y a vous. Ce que vous ressentez, ce que vous portez, ce que vous n’arrivez plus à faire comme avant.
Vous n’avez pas à vous justifier, vous n’avez pas à vous expliquer, mais vous pouvez en parler.
Et si vous avez besoin de mettre des mots, de faire un point, de regarder les choses en face sans vous juger : je suis là.
L’essentiel, c’est que vous ne restiez pas seul.e avec vos questions. Chaque situation est unique et c’est dans cet ajustement au plus près de votre réalité que le changement devient possible.